Mon corps & Moi
Ahhh le rapport d’une femme avec son propre corps... par où commencer ? Ce sujet est si complexe, si particulier, si tabou, si intime, si propre à la condition féminine. D'ailleurs pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce sont nous, les femmes, qui entretenons le plus souvent, un rapport difficile avec notre corps. Ah oui, la société patriarcale dans laquelle nous vivons. J'avais oublié. Cette société du "soi belle et tais-toi", enfin pour être "belle", tu dois ressembler à ça, te comporter comme ça, porter ça, etc, etc. C'est fatigant non ? Se faire dicter toute notre vie, le chemin que l'on doit suivre, pour être une "bonne petite fille" ou plus tard, "une bonne femme à marier". Mais revenons-en au corps !
J'ai décidé d'écrire cet article, car, c'est un sujet qui me tient à cœur. Nous sommes arrivées à un tournant au niveau de la représentation féminine, qui est aujourd'hui beaucoup plus diversifiée qu'il y a 20 ans, ce qui est une très bonne chose, le travail de beaucoup d'entre nous, a porté ses fruits. Cependant, tout est encore très relatif et à prendre avec des pincettes. Par exemple, vous connaissez toutes Rick Ross et Dj Khaled. Lorsque l'on parle d'eux, on évoque pas en premier leur corpulence (en général). En revanche, dès que l'on parle de Lizzo, la première chose évoquée, c'est son corps. Alors ça peut être de façon positive, mais ce qui me dérange, c'est que l'on s'attarde sur son corps et ce qu'elle représente, avant même de se pencher sur sa musique. Encore une fois, la femme est réduite à sa condition/ses attributs physique(s).
Le mouvement #bodypositive, est quelque chose de récent qui a permis à de nombreuses femmes de s'accepter telles qu'elles et d'afficher fièrement leur corps, peu importe leur taille. Personnellement, je trouve ça superbe, et j'ai moi même réussi à m'accepter en partie grâce à ce mouvement qui m'a incité à me concentrer sur ma personne et sur mon bien-être plutôt que sur mon physique. Mais alors que d'un côté nous voyons de plus en plus de femmes à l'aise avec leur corps, de l'autre, nous voyons de plus en plus de femmes en quête de la silhouette "parfaite" (#thankstotheKardashianJenner), de la grosse poitrine avec la fine taille et les grosses fesses. Et donc alors, Instagram, qui à la base, était un réseau social pour poster ses meilleures photos de vacances, de paysages, etc, est devenu le royaume du narcissisme, de l’ego-centrisme, de la réalité biaisée, de l'envie, de la comparaison. Et au final, le corps de la femme est encore et toujours au cœur de la société, et, encore plus hyper-sexualisé. Alors, toi en tant que femme, comment trouver ta place, te sentir bien, ne pas tenir compte du jugement des autres, ne pas te comparer aux autres, quand tu es bombardée d'images de corps toute la journée ?
J'ai commencé à entretenir un rapport compliqué avec mon corps à l'âge de 18 ans. En effet, c'est à partir de là que mes formes au niveau du bas, deviennent de plus en plus prononcées, et que je commence à me sentir grosse. Avec ce ressenti, s'en vient, bien entendu, l'obsession de la balance, et le besoin absolu de maigrir. J'entame donc un régime, dit chrono-nutritionnel, c'est-à-dire, plus tu avances dans la journée moins tu manges. Je perds 10 kg (22 lbs) en 6 mois et me sens super bien, je suis de nouveau mince. Cela dure à peine un an et demi. À 20 ans, je rencontre un homme (mon ex), qui était chef de partie à l'époque. Il me cuisine de très bons plats, je dis au revoir à mes bonnes habitudes alimentaires, je mange en (trop) grande quantité, j'emménage très rapidement avec lui, et j'oublie carrément l'activité physique. Résultat : je prends 23 kg en peut-être 9 mois. Voilà, mon régime et ma taille fine ne sont que du passé. Non seulement j'ai repris le poids que j'avais perdu, mais j'ai pris plus que le DOUBLE. Je suis maintenant à 83 kilos, je me trouve énorme !
Mon entourage bien évidemment me fait remarquer que j'ai beaucoup grossi (comme si je n'en avais pas conscience), ma relation est quelque peu toxique, ce qui fait que je me renferme sur moi et m'éloigne de mes amies, et puis je déteste mon nouveau corps, mon nouveau moi, je n'en veux pas. Pourtant j'ai du mal à changer les choses, habituellement quand quelque chose ne va pas dans ma vie, je le change illico presto plutôt que de me plaindre et de ne pas agir. En revanche, en ce qui a trait à mon corps, je n'y arrive pas. La motivation, je ne la trouve pas. Je perds 3 kilos suite à une gastro (je sais ça n'a rien de glamour) mais du coup, je fais tout pour ne pas les reprendre et me dis que ça peut être le début de ma perte de poids. Je décide aussi, d'aller voir une nutritionniste. Cette dernière m'expliquera que les régimes ne sont pas bons, que le plus important est de savoir se nourrir correctement tout en étant un minimum physiquement active. Elle me donne un programme alimentaire à suivre et peu à peu je me remets à l’activité physique (surtout chez moi). Au bout de quelques mois, je perds 5 kg. Puis l’année 2015 s’enchaîne (voir mon article “PVT début d’une nouvelle vie”), et j’ai d’autres choses beaucoup plus importantes à gérer que mon poids.
Quand j'arrive au Canada, je pèse 75 kg. Le fait de démarrer une nouvelle vie, qui plus est, de célibataire, me fait changer ma perspective, tout doucement mais sûrement, j'accepte mes formes. Je renoue avec ma passion de la danse, et je découvre le hot yoga et le hot barres. Je suis donc beaucoup plus active qu'à Paris, et vivant désormais seule, je me nourris également beaucoup mieux. De ce fait, j'apprends à me mettre plus en valeur, à être fière de mes formes, à me trouver belle. 25 ans est l'âge auquel pour la première fois de ma vie, je me suis trouvée belle.
Je commence ENFIN à avoir confiance en moi. Je me rends compte que ma forme physique ne définit pas ma personnalité, et n'a pas à me limiter dans quoi que ce soit. Une des choses qui m'aidera le plus, pour le gain de confiance en soi, c'est la danse, et notamment le voguing. Le voguing a été crée par des personnes oppressées qui se sont appropriées un espace pour danser, s'exprimer, être créatives, briller en toute liberté. La culture ballroom implique d'avoir confiance en soi. C'est donc après de nombreux cours et entraînements de voguing, que j'ai gagné en confiance et que j'ai décidé de concourir (walk) dans la catégorie *BODY*. Cette catégorie, c'est de montrer la beauté de ton corps. Les 4 fois où j'ai participé à cette catégorie, j'ai gagné. C'est incroyable, je n'aurais jamais imaginé parvenir à ce niveau de confiance pour oser me montrer de cette façon, et pourtant je l'ai fait. Comment ai-je réussi à en arriver là ? LE MENTAL.
Bon dans cet article j'en montre beaucoup, mais c'est uniquement dans un but d'illustration de mes propos, et parce qu'il s'agit d'un article très personnel, donc je ne me voyais pas mettre des photos d'autres personnes. Aujourd'hui, je suis descendue à 69 kg. La dernière fois que j'ai pesé 69 kg, c'était à l'âge de 18 ans, et à l'époque je me trouvais grosse. Maintenant je me sens beaucoup mieux qu'il y a 11 ans. Aussi, je suis devenue végétarienne il y a maintenant 3 ans, et fais du sport régulièrement, chose que je ne faisais pas à l'époque. Bref, je me concentre autant sur mon aspect intérieur qu'extérieur, car pour moi, c'est ça le bien-être, ça va bien au-delà du physique. D'où mon détachement des réseaux sociaux quant au fait de trop afficher mon corps. Ce dernier a pas mal changé au cours des 5 dernières années, mais je ne ressens pas le besoin de le montrer au monde entier, l'important est que je me rende compte moi-même des résultats, et que j'en sois fière.
Nous n'avons qu'une vie, nous n'avons qu'un corps. Je sais que la société détient encore beaucoup d'emprise sur l'image du corps de la femme mais c'est à nous de changer les choses, à nous de montrer qu'une femme ne se résume pas qu'à ses attributs physiques, que ses capacités n'ont rien à voir avec son corps et son image. Concentrons-nous sur le nécessaire, arrêtons de nous comparer, épanouissons-nous, arrêtons de nous juger entre nous, aimons nous avant tout en tant que personne, soyons plus que notre corps.