Danser pour s’intégrer

Tap Water Jam - Édition 2019

Tap Water Jam - Édition 2019

La danse. Devenue plus qu'une passion, comme une véritable thérapie, une façon d'exprimer mes sentiments, de me laisser aller, d'oublier le quotidien de la vie, mais surtout, devenue un moyen de connecter aux autres et de socialiser.

J'ai commencé la danse à l'âge de 7 ans, en modern-jazz, dans mon petit patelin de banlieue parisienne. À 15 ans, je bascule en hip-hop (uniquement des chorégraphies), et de temps en temps, notre prof, qui est très proche avec des membres du crew Wanted Posse, nous amène des danseurs d'autres styles comme le locking ou la house lors de workshops. À 18 ans, je décroche, le groupe de danse dans lequel j'étais, était surtout composé d'un groupe d'adolescentes amies, qui venaient à la danse pour se voir plus que pour véritablement danser. Quand chacune termine le lycée, on commence quelque peu à se perdre de vue, mais surtout, on manque de temps pour la danse. J'arrête donc la danse pendant 6 ans.

Quand j'arrive au Canada, je n'ai qu'une seule chose en tête : reconnecter avec ma passion. D'une, parce que 6 ans plus tard, je vois que ça me manque énormément, et de deux, parce que je pense que c'est un bon moyen pour faire des rencontres. En janvier 2016, je m'inscris au studio A'Motion car je suis intéressée par des cours de dancehall. Mais je ne m'arrête pas à un style, je découvre les cours de heels, ainsi qu'un style qui m'était totalement inconnu jusqu'ici, le WAACKING. J’accroche totalement, et c'est dans ce cours que je me fais mes premières amies montréalaises.

Puis, lorsque je déménage à Toronto, comme décrit dans l’article “L’expérience Toronto”, je me mets au voguing et intègre une kiki house, tout en mettant de côté le waacking, faute de temps. À mon retour à Montréal, je reconnecte avec mes amies et donc avec le waacking, et poursuis également dans le voguing. Puis je me mets à la house. J'ai toujours beaucoup aimé la house music depuis très jeune, et la danse m'a toujours impressionnée. Le style est enseigné à A'Motion, juste avant mon cours de waacking, c'est parfait ! Mais petit à petit, je sors de l'ambiance de studio, et je découvre le centre communautaire Côte-des-Neiges (CDN), ainsi que l'espace sans luxe.

C'est précisément à ce moment-là, après 2 ans au Canada, que mon contexte social prend un tout autre tournant : j'intègre la communauté de danse urbaine de Montréal. Le centre communautaire CDN est une référence pour la danse urbaine et l'espace sans luxe (qui n'existe malheureusement plus pour le moment) est un lieu dédié aux danseurs urbains, qui organise des sessions de pratique libre selon les styles, des cours, des workshops et divers événements. Je fais la connaissance d'un tas de danseurs montréalais (et aussi d'ailleurs), et à ma grande surprise, je suis super bien accueillie dans la communauté.

On s'entend que Montréal ce n'est pas Paris. Il y a beaucoup moins de gens, et donc la scène de danse y est beaucoup plus petite. Cela dit, la scène montréalaise est loin de manquer de talents, et beaucoup de danseurs et danseuses sont connus à l'international. Ça n'empêche pas à ces personnes d'être humbles et super ouvertes et c'est ce qui fait la qualité de la communauté de danse urbaine à Montréal. C'est très honnêtement, comme une grande famille. Aujourd'hui, je vous dirais que 80% de mon entourage montréalais est composé de danseurs et danseuses, qui m'encouragent et me poussent à toujours vouloir m’améliorer.

hot-mess.jpg

Hot Mess avec ma très bonne amie Yannick

Ayant été bien accueillie et supportée, moi qui, plus jeune, avais toujours pratiqué des chorégraphies et très peu de freestyle, je choisis de pratiquer des danses sociales basées sur le freestyle, et puis, je prends mon courage à deux mains, et je m'inscris à des battles ! Incroyable, je n'aurais jamais pensé un jour participer à des battles de danse, d'une, parce que pour moi je n'aurais jamais eu le niveau, et de deux, parce que je ne pensais pas être capable de faire de bons freestyles. Et pourtant, en mai 2018, soit deux ans après avoir repris la danse, je participe à mon premier battle de waacking, Hot Mess, qui est, soit dit en passant, le plus gros battle de waacking du Canada (ouais on commence gros on s'en fout !).

Et là ce n'est que le début. Je ne vais évidemment pas vous faire une liste de tous les événements auxquels j'ai participé ( il y en a beaucoup trop !), mais je veux juste souligner à quel point la danse urbaine est importante à Montréal. Également, c'est littéralement grâce à la danse que j'ai pu me lier d'amitié avec des montréalais(es), mais surtout avec des montréalais(es) noir(e)s. Ce sont elles/eux qui m'ont véritablement fait découvrir la ville, sa culture, son histoire, les bonnes places où sortir, les événements à ne pas rater, et qui m'ont donné des opportunités de performer en dehors des battles. Bref, tout ça pour dire que la danse a été un élément très important dans mon parcours d'intégration et de socialisation à Montréal, et que sans elle, je ne serai sûrement pas la femme que je suis aujourd’hui. Le fait que la communauté ait été aussi chaleureuse et accueillante m'a littéralement motivé à me pousser, à m'investir et en apprendre davantage sur la culture mais m'a également permis d'avoir confiance en moi.

Pour finir, je vous dresse une petite liste de 10 studios/centres que je vous recommande pour la danse urbaine à Montréal :

  • A'Motion - styles enseignés : afrobeats, dancehall, voguing, et heels.

  • Urban Element Zone (UEZ) - styles enseignés : afro-fit, dancehall, waacking, voguing, hip-hop, popping, heels, house.

  • DTJIC - styles enseignés : hip-hop, house, waacking, jazz funk, heels, urban contemporary, dancehall.

  • DissTorsion - styles enseignés : hip-hop, breaking, dancehall, afrobeats, salsa, capoeira, waacking, house, locking. Les cours et les enseignants peuvent varier d'une session à l'autre et des sessions de pratique libre se font également (notamment en house et waacking).

  • Centre communautaire CDN - styles enseignés : waacking, breaking, hip-hop, locking, popping et sessions de pratiques libres de tous ces styles.

  • Centre Toussaint - styles enseignés : heels, danse folklorique haïtienne.

  • Le Labb - il s'agit plus d'un centre de remise en forme mais l'un des meilleurs danseurs de house de Montréal y enseigne des cours de cardio house.

  • Studio Accento - styles enseignés : afrobeats, afro-dancehall, heels, salsa, bachata.

  • Studio MP - styles enseignés : hip-hop, dancehall, popping, heels, jazz contemporain.

  • Tripoli - les cours varient selon les sessions.

Aussi, pour les passionnés de Krump, je vous suggère de suivre la page Mtl Krump Alliance pour connaître les sessions et les cours qui se donnent un peu partout à travers la ville; et pour ceux qui aiment l'afrobeats, suivez Uplift514 qui dispensent leurs cours majoritairement à Espace des arts (un lieu de location de studio). Enfin, je vous conseille aussi les cours de house de Dominique Sophie, ainsi que les cours de waacking d'Axelle Munezero.

N'hésitez pas à m'écrire (noireetfemme@gmail.com) si vous souhaitez en savoir plus quant aux cours, événements, personnes/pages/groupes à suivre etc.

Nanoushka.

Précédent
Précédent

Mon corps & Moi

Suivant
Suivant

Le racisme au Canada