L’expérience Toronto
J'ai trouvé un job en hôtellerie (mon domaine) 2 mois après mon arrivée à Montréal, soit en décembre 2015. Je m'y plaisais vraiment bien, mais voilà, à peine 10 mois plus tard, j'entre dans le bureau de ma boss, et je lui annonce ma démission. Que s'est-il donc bien passé ?
Quand j'arrive à Montréal, je tombe sur un ami de longue date, avec qui j'étais au collège, et croyez-le ou non, je tombe aussi sur mon ex (celui d'avant le trompeur lol). 4 ans après notre séparation, 4 ans après que nous ayons coupé les ponts, je le retrouve "au hasard" à Montréal. Quelle coïncidence. Enfin bref, ce fut ma première expérience de sociabilité à Montréal, deux personnes que je connais très bien lol. Mon ex qui lui est en VIE (volontariat international en entreprise), me présente à des personnes qu'il a rencontrées ici, toutes françaises (car toutes en VIE également).
Au bout de 3 mois, je décide de renouer avec ma passion : la danse (je vous ferai un article là-dessus car ça a changé ma vie de reprendre la danse). Je le fais car ça fait 6 ans que je n'en ai pas fait, mais aussi surtout pour rencontrer des montréalais(e)s. Pas que je n'aime pas mes compatriotes, mais je n'ai pas quitté Paris et sa banlieue pour me retrouver à 7000 km, encore et toujours avec des français(e)s. Je commence donc à faire des rencontres mais, d'une, je vais dans un studio fondé par une française, et de deux, c'est pas évident d'arriver dans un cours de danse et de dire "salut je cherche des ami(e)s !"
Au bout de quelques mois je me fais tout de même amie avec un petit groupe de montréalaises mais pourtant j'ai l'impression d'avoir fait le tour de la ville. Durant ma première année en PVT, je vais 3 fois à Toronto, et à chaque fois que j'y suis, j'ai cette même impression : cette ville est faite pour moi ! C'est une grande ville à mi-chemin entre New York et Londres, avec tellement de mixité (1 personne sur 2 vivant à Toronto est née hors du Canada), où l'on parle anglais, qui a une équipe de basket, qui a un super carnaval (#caribana), bref, je m'y sens bien, et je me vois y vivre.
Je trouvais que Montréal était trop petite, tout le monde se connaît, tu revois des gens que tu n'avais pas vu depuis des années, les français ne restent qu'entre eux, les montréalais ne s'ouvrent pas tellement à toi, il n'y pas trop moyen d'améliorer son anglais, je ne trouve pas la ville très belle, bref, je pensais qu'un an c'était bien assez. C'est donc après mon 3e séjour chez la belle torontoise, pour le thanksgiving canadien, que je prends ma décision : je déménage à Toronto à la fin de l'année (2016). J'informe donc mon employeur, et leur laisse un préavis d'un mois (la normale est de deux semaines), afin qu'ils gardent une bonne image de moi étant donné que c'est mon premier job et donc ma première référence au Canada. Puis, je commence les démarches.
Première étape : trouver un boulot. Malgré mes recherches, ce fut un échec, mais je me rends compte que j'ai un contact à Toronto, et cette personne a réussi à me trouver un appart: génial ! À ce moment-là, j'ai quelques économies et me dis que sur place il sera de toute évidence plus facile de trouver un emploi. Au moins j'ai déjà un appart, et je n'aurai pas à dépenser mon argent dans un airbnb. Problème, il n'est pas meublé, car les appartements meublés étaient vraiment hors de mon budget. Je dois donc acheter des meubles (pas d'électros Dieu merci), mais un canapé-lit, une table avec deux chaises, un meuble télé, une télé, une commode, une table de chevet, le petit essentiel pour meubler un studio quoi.
Le mois de décembre arrive, ça y est. Je quitte Montréal pour ma nouvelle vie à Toronto. Lorsque j'arrive, évidemment je prends mon temps pour m'installer, et je monte mes meubles toute seule comme une grande haha. Mais c'est le mois de décembre, c'est donc la période des fêtes de fin d'année. Pour la première fois de ma vie, je passerai Noël et le jour de l'an absolument toute seule. J'avais passé mon premier Noël au Canada avec mon frère, et mon premier jour de l'an avec des amis français. Cette fois-ci, personne. Ça m'a quand même fait un petit pincement au coeur, j'avais l'habitude de célébrer les fêtes, surtout Noël avec ma famille, ma mère, mes oncles et tantes, mes cousin(e)s, et là je me retrouve loin de Paris, dans un petit studio près de Yonge & Eglinton, à Toronto, sous la neige et du -30 degrés.
L'année 2017 commence, et je cherche éperdument un travail. Lorsque j'ai emménagé dans mon studio, j'ai du payé le premier et dernier mois de loyer, soit 1095$ x 2, et puis comme expliqué ci-dessus, j'ai dû me meubler. Donc payer un loyer sans avoir aucune entrée d'argent, ça commence à être compliqué. Les emplois dans mon domaine ne donnent rien, on me propose des postes moins bien payés qu'à Montréal, avec des horaires de soir et de weekend. Je n'ai donc pas le choix d'élargir mes recherches. Deux jours avant mon anniversaire (fin janvier), miracle, un de mes entretiens pour un poste d'adjointe exécutive au sein d'une boite d'assurance, aboutit sur une offre d'emploi, je commence début février.
Côté social, mon meilleur ami contacte un de ses amies installée à Toronto depuis quelques années, et lui demande si ça l'intéresserait de me rencontrer. Elle accepte. Elle m'invite chez elle et me présente à ses ami(e)s. Tous des noirs ! Francophones peut-être, mais noirs. Je suis déjà un peu plus dans mon élément. J'avais rencontré beaucoup de français blancs à Montréal, et vous le savez, je n'ai rien contre les blancs, mais suis quand même plus à l'aise avec des gens de ma communauté. En plus, la plupart sont originaires des Antilles, donc je suis encore plus ravie.
Également, comme à Montréal, je décide de continuer la danse, et là je découvre le voguing. Je n'avais aucune idée de la danse et de la culture avant de mettre les pieds dans un cours de voguing, mais j'en tombe complètement amoureuse. De plus, au bout d'un mois de cours, le prof m'explique qu'il va lancer sa propre Kiki House (une sorte de crew, si vous souhaitez en savoir plus regardez Paris is Burning), et qu'il souhaiterait que j'en fasse partie. Pour moi, c'est littéralement l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes, et cette fois-ci, des non francophones. Dans cette House, il y aura tout type de personnes, évidemment la plupart étant des personnes Queer, mais ce que je veux dire c'est qu'on aura des noirs d'origine jamaïcaine, une indienne, une russe, une canadienne anglo, deux québécois, une lithuanienne, et moi-même. Je découvre donc des personnalités totalement différentes, des cultures différentes, et j'ai la chance de partager ma passion pour la danse avec ses personnes. C'est une de mes meilleures expériences.
Côté professionnel en revanche, c'est pas top. Je fais quelques belles rencontres, mais le job en lui même est genre boring as F. De plus, je me rends vite compte que la vie est beaucoup plus chère qu'à Montréal. Mon loyer + hydro me coûte la moitié de mon salaire, le titre de transports est à 150$ par mois, les courses ne sont pas données, et je n'arrive absolument plus à économiser. Voyager n'est donc plus vraiment d'actualité, je n'ai plus les moyens pour. Au bout de deux mois dans ce job (donc 4 mois que je suis à Toronto), je n'en peux vraiment plus. Je cherche ailleurs mais en vain. Et pour débuter les démarches de résidence permanente, puisque mon PVT expire dans 6 mois, je dois absolument occuper un poste qualifié. Mais ce job je ne peux pas le garder, mentalement c'est trop difficile. Je sais qu'il y a des gens qui sont capables de passer des journées à ne rien faire et prendre leur chèque à la fin du mois, mais moi je n'y arrive pas. Le job est inintéressant, je passe mes journées sur les réseaux sociaux et sur internet, le salaire n'est même pas mirobolant, pourquoi je perds mon temps ?
À ce moment-là, je prends une décision : je rentre à Paris ! Je n'ai plus d'économies, mes dépenses sont limitées, je n'ai pas réussi à trouver un boulot dans mon domaine, même avec une vie sociale enrichissante, je ne me sens pas si bien dans la belle torontoise. Je me dis donc que quitte à être en mode "survie", autant que je rentre à Paris, que je me trouve un job bien payé pour mettre pas mal d'argent de côté, lancer ma résidence en parallèle, et retenter l'aventure d'ici les 2 prochaines années. Voilà donc mon plan, en avril 2017.
Puis quelque chose de complètement inattendu se passe... Jusqu'ici, je suis toujours célibataire. Je reçois une invitation sur Facebook que j'accepte. C'est un homme (canadien je précise lol) que j'avais rencontré brièvement dans le salon de coiffure où il travaillait, lorsque je vivais encore à Montréal. On commence à discuter, et puis il m'avoue qu'il avait eu un crush pour moi ce jour-là. C'était peut-être quelques jours avant mon déménagement pour Toronto. Je suis très surprise et flattée. Et là, de fil en aiguille, le courant passe bien, mais genre, vraiment très bien.
Au bout de quelques semaines, la "relation" à distance s'intensifie. On s'appelle tous les jours, en FaceTime, je le texte à longueur de journée quand je suis au travail (c'est pas comme si j'étais débordée). Et puis je lui avoue rapidement que j'ai l'intention de rentrer à Paris, mais que j'aimerais que l'on se voit avant mon départ. On planifie donc la rencontre, qui se fera après son retour de vacances, soit au mois de juin. Je commence à parler de lui à mes ami(e)s les plus proches, et puis évidement de mon retour à Paris. Ils sont tous convaincus que je ne devrais pas rentrer à Paris. Ceux qui y sont encore me disent clairement qu'il n'y a rien pour moi, que ça s'est même dégradé depuis que je suis partie. Je suis un peu perdue. Je n'ai pas une grande envie de rentrer, mais rester à Toronto ne me fait pas non plus rêver à ce moment-ci. Puis là, mon ami du collège que j'avais retrouvé à Montréal me sort tout simplement "ben rentre à Montréal !" Hein ? Rentrer à Montréal, je n'y ai même pas pensé. Pour moi, Montréal c'est du passé. J'ai essayé, je n'ai pas tant aimé, next. Mais en même temps, je parle à cet homme depuis près de deux mois qui me plait vraiment et qui vit là bas, j'ai une expérience de travail, qui plus est dans mon domaine là-bas, j'y ai encore quelques amis, la vie est bien moins chère, si je retrouve un job rapidement je serais capable de lancer mon CSQ (certificat de sélection du Québec) avant la fin de mon PVT, ce qui me permettra de lancer un autre permis de travail en attendant d'appliquer pour la résidence permanente, en fait c'est tout bénéf !
Tout ce que je sais c'est que Toronto fut tout de même une belle petite expérience de 6 mois, mais mon retour à Montréal m'a montré à quel point j'étais passée à côté de plein de petits détails qui en font tout son charme. Bien évidemment aussi, ce retour à Montréal m'a permis de démarrer la plus belle de mes relations amoureuses et rien que pour cela, je ne peux avoir aucun regret car 3 ans plus tard, notre amour est toujours au beau fixe !
Cette histoire est bien évidemment propre à ce qu'il s'est passé dans ma vie, mais sachez que je connais des personnes qui sont arrivées à Montréal, ont déménagé à Toronto et y sont encore, comme je connais des personnes qui sont arrivées à Toronto et sont finalement venues s'installer à Montréal.
N'hésitez pas à m'écrire si vous voulez en savoir plus sur les deux villes :)